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![Musique créole](https://96f5e44e3c.cbaul-cdnwnd.com/a83846c35a1f3d9771243317c69e8023/200000059-71684735f2/HP.gif)
En Guadeloupe, la musique est omni-présente et s'invite à toute heure, au guichet d'une administration, sur la route, chez votre voisin ou encore sur un petit coin de plage... Alors, après notre hymne au départ en Gwada (Keen'V avec Ma Vie au soleil), voici pêle-mêle, une play-list de sonorités antillaises. Vous y trouverez :
- des chansons à thème comme Ti Bidon écrite à l'occasion d'une grève qui a généré une pénurie de carburant,
- des musiques traditionnelles dont les Chanté Nwèl (ici avec le groupe Kasika Benzo) qu'on entend le samedi soir, sur des scènes de quartier, avant Noël...
- le gwoka (percussions) qui vous donne rendez-vous tous les samedis au centre de Point-à-Pitre,
- les incontournables Patrick Saint-Eloi et Francky Vincent, stars antillaises s'il en est,
- le Bouyon (Pété Tête Aw) qui remue la jeunesse guadeloupéenne en ce moment,
- et bien d'autres styles et titres encore, entendus ici et là.
Et après la play-list, quelques articles inhérents à la musique antillaise, dont...
- Le gwoka
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![vidéo musique créole](https://96f5e44e3c.cbaul-cdnwnd.com/a83846c35a1f3d9771243317c69e8023/200000049-7efe180ef2/Play de Youtube.png)
ça va zouker !
ARTICLES
Le g woka est né à l'heure sombre de la Guadeloupe : celle de l'esclavage. Les Africains déportés par les Européens proviennent alors de contrées parfois éloignées, n'ont pas tous les mêmes croyances et ne parlent pas la même langue... En revanche, la musique et le rythme des djembés du continent africain résonnent en chacun d'eux !
Malheureusement, leur condition d'esclaves leur interdit d'abattre des arbres, ils doivent donc détourner des objets du quotidien pour parvenir à leurs fins musicales : des petits tonneaux (qui servent à transporter du vin, de l'huile, des grains, de la viande salée, etc...) ou des caisses de bois (destinées aux épices), ainsi que des lianes et des peaux de chèvre permettent la fabrication du "ka" et du "tanbou a dé bonda" (tambour à deux peaux) ; le bambou sert à réaliser le "Ti-bwa" (Percussion en bambou installée sur pieds à l’horizontal et jouée avec deux baguettes) ; et la calebasse donne le "chacha" (en y introduisant des graines)...
Accompagné de ces autres percussions, de ses danses, de ses chants et de ses jeux, le ka devient rapidement un élément fédérateur, un moyen de communication et une source d'évasion pour les esclaves. Et cette nouvelle culture musicale qui leur est propre prend rapidement le nom de son instrument principal... Le Gwoka est né.
L'origine du mot "Gwo ka" n'est d'ailleurs pas clairement définie :
- certains y voient une adaptation créole du "gros quart" qui désigne alors les caisses à épices,
- d'autres pensent que les esclaves ont apporté ce mot d'Afrique, et plus précisément de Centrafrique, où le "N'gwoka" est une sorte de djembé...
Quoi qu'il en soit, le gwoka est riche de cette vie de souffrance des esclaves (parsemée de furtifs moments de bonheur) et porte en lui les messages qu'aucun esclavagiste ou chasseur d'esclave ne peut comprendre :
- en rythmant le dur travail des champs,
- en exprimant la douleur endurée,
- en permettant aux "neg mawon" (esclaves en fuite) de communiquer,
- en offrant aussi aux esclaves quelques notes de joies... Car la danse et le chant sont indissociables du gwoka et chaque thème, circonstancié, est lié à des chorégraphies et des chants qui lui sont propes. C'est une musique de groupe.
Les colons n'aiment pas la musique gwoka, qu'ils perçoivent - à juste titre ? - comme conspiratrice (elle est aussi un des rares espaces de liberté identitaire des esclaves). Ils vont jusqu'à traquer les instruments, les détruire et détruire les caisses et fûts qui pourraient servir à leur fabrication. Ils craignent que, portés par les rythmes "endiablés" et mis en transe par les percussions, les esclaves se révoltent (ce qui est parfois le cas).
Ils tentent bien, au fil du temps, de dénaturer cette musique en initiant les esclaves au quadrille (qui s'imposera comme musique locale en certaines campagnes de Martinique), à la rumba (qui deviendra la biguine)... Mais rien n'y fait et, en Guadeloupe, le gwoka continue de se transmettre de générations en générations, bien après l'esclavage également (comme les tambours Bèlè et Juba en Martinique, ou l’Asstor et le Manman en Haïti)...
Quoiqu'il en soit, Le ka est aujourd'hui un instrument de musique très populaire de la Guadeloupe et le gwoka, longtemps estimé comme une musique à “vié nèg“ (vieux nègres), est depuis quelques temps très apprécié des jeunes...
"Le Gwoka : musique, chants, danses et pratique culturelle représentatifs de l’identité guadeloupéenne" a d'ailleurs été inscrit le 26 novembre 2014 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Cette inscription s’ajoute aux 12 expressions culturelles françaises déjà présentes sur la liste du patrimoine culturel immatériel, comme le repas gastronomique à la française ou le fest-noz. L’UNESCO consacre ainsi un patrimoine vivant hérité de la lutte contre l’esclavage et associant trois formes combinées d’expression, la musique, le chant et la danse. Cette inscription représente également un atout pour le développement du tourisme en Guadeloupe, la promotion de sa culture sous toutes ses formes et l’attractivité de son territoire.
"La musique de vieux nègre, la bagatelle du diable."
C'est ainsi que le gwoka était nommé par les esclavagistes. Cet adage soulignant l'incapacité des colons à s'en défaire, comme une épine dans le pied ou un caillou dans la chaussure.