Hugues, Jean-Baptiste Victor
Jean-Baptiste Victor Hugues (1726, Marseille - 1826, Cayenne) : Révolutionnaire français, il gouverna la Guadeloupe de 1794 à 1798, puis la Guyane de 1799 à 1809. En tant qu'administrateur français dans les colonies, il participe à l'application de l'abolition de l'esclavage à la Guadeloupe, puis à son rétablissement en Guyane.
Issu de la riche bourgeoisie marseillaise, il s'engage comme mousse à 14 ans. Marié à sa cousine germaine, qui possédait des intérêts dans le négoce à Saint-Domingue, il mène une vie de planteur jusqu'à la Révolution haïtienne, puis devient franc-maçon, imprime un journal aux accents révolutionnaires dès les débuts de la Révolution, puis rentre en métropole en 1791, et monte à Paris, où il s'intègre par l'intermédiaire des loges maçonniques aux milieux jacobins de la capitale.
Il est désigné par la suite Commissaire de la République à la Guadeloupe par la Convention nationale en 1794. Sa tâche n’est pas mince : Victor Hugues est officiellement chargé d’appliquer le décret du 4 février 1794 (qui prononce l'abolition de l'esclavage dans tous les territoires français), mais avant cela, il doit reprendre la Guadeloupe aux Anglais... Ce qu'il parvient à faire avec l'aide des troupes des généraux Cartier et Aubert. Le 11 décembre, les Britanniques ont complètement quitté la Guadeloupe, qui repasse aux mains de la France et de la Révolution. Victor Hugues y abolit l'esclavage le jour même.
Quelques mois d'une paix relative règnent, acquise au prix de l'application de la Terreur et du travail forcé des anciens esclaves, période au cours de laquelle les royalistes sont pourchassés, des centaines de blancs créoles guillotinés et leurs habitations réquisitionnées. Par la suite, Victor Hugues met la Guadeloupe en état de siège le 6 janvier 1798, car l'ordre public n'y est plus assuré. Il sera finalement remplacé.
Sous le Consulat, Victor Hugues est nommé en 1799 Gouverneur de la Guyane. Usant des mêmes techniques qu'à la Guadeloupe, il remet en marche les industries locales et tient les planteurs sous sa coupe. Il établit le travail forcé. L’arrêté du 7 décembre 1802 rétablit de fait l’esclavage à la Guyane sous le nom de « conscription de quartier » pour les personnes non encore affranchies. Victor Hugues est chargé de l’application. Le 18 janvier 1804, il monte une expédition pour rétablir la liaison de la Guyane avec le comptoir de traite des esclaves de Gorée.
En 1809, n'ayant pu contenir l'invasion de la Guyane par les Portugais venus du Brésil, il quitte précipitamment Cayenne et rentre à Bordeaux. Accusé de trahison et d'incapacité, il est assigné à résidence jusqu'en 1814 et, finalement, acquitté. Reparti pour Cayenne, il s'y établit comme planteur et y meurt le 12 août 1826.