Poisson-lion
Le poisson lion (Pterois volitans) appartient à la famille des Scorpaenidae, les rascasses, regroupant de nombreux poissons venimeux (il est d'ailleurs également appelé rascasse volante). Etant donnée sa récente apparition dans les eaux des petites Antilles, on ne lui connaît pas de nom créole...
Il possède un corps très reconnaissable, avec des rayures alternées marrons/rouge sombre et blanche/jaunes (la photo prise à l'aquarium de Pointe à Pitre ne rend pas bien compte des couleurs), des nageoires pectorales "en éventail" rayées elles aussi, une nageoire caudale arrondie. Il présente une série de treize épines dorsales venimeuses, ainsi que des épines pelviennes et anales également venimeuses. Au stade juvénile, il mesure moins de 2,5cm et peut atteindre jusqu’à 49cm (longueur totale) adulte dans la Caraïbe. On retrouve cette espèce dans divers types d’habitats (récifs, épaves, herbiers,...). Le poisson lion affectionne tout particulièrement les lieux présentant des anfractuosités, cavités et surplombs, où il évolue seul ou en groupe, sur un territoire restreint, préférant des zones calmes et sans courant important. Il a été observé de la surface jusqu’à 300m de profondeur. En Guadeloupe sa zone de prédilection est la zone de la côte sous le vent où localement il peut atteindre des densités records. On le rencontre d'ailleurs à chacune de nos plongées du côté de Deshaies... Le poisson lion est une espèce carnivore peu craintive, sans prédateur avéré pour le moment dans la zone Caraïbe, et représente lui-même un prédateur redoutable pour la faune des écosystèmes marins côtiers. Il se nourrit de manière vorace et essentiellement la nuit sur des petits invertébrés et des poissons. Une fois mature sexuellement (au cours de sa première année), la femelle peut pondre jusqu’à 30.000 œufs tous les 4 jours toute l’année. Les larves en surface sont ensuite dispersées par les courants avant de rejoindre le fond au stade juvénile.
Originaire de la région indo-pacifique, il a été introduit accidentellement en 1992 dans les eaux de l'Atlantique, suite à la dévastation de l’aquarium de Floride par un cyclone. Ces rascasses ont très vite proliféré et ont atteint ensuite la mer des caraïbes. Considérée comme une espèce invasive dans la région caribéenne, le poisson lion a été observé officiellement pour la première fois en octobre 2010 dans les eaux guadeloupéennes et sa population ne cesse d’y croître. Il représente aujourd’hui une menace importante pour les écosystèmes marins côtiers de la Caraïbe et de la Guadeloupe. Son mode de reproduction, l’absence de prédateur, sa voracité ainsi que sa résistance en font une espèce hautement invasive.
Le "bon côté" du poisson-lion : en dehors des zones d’interdiction de pêche liée au chlordécone, la chair du poisson lion, non ciguatoxique en Guadeloupe, est non seulement comestible mais également très fine, délicieuse et même recherchée. De nombreux chefs des Antilles le proposent même sur leur carte. Sans parlé de ses prétendues vertus aphrodisiaques... Mais comme dit précédemment, il est doté d’épines venimeuses dangereuses pour l’homme et pouvant être la cause d’accidents plus ou moins graves (si l’on se pique, paraît-il, il faut immédiatement mettre la partie piquée sous l’eau très chaude).
En plus, donc, de représenter un danger écologique (vorace et sans prédateur en milieu coralien), sanitaire (pour l'homme), il est aussi une menace économique potentielle (dévastant certaines zones de pêche). C'est pourquoi, à l’échelle des Antilles françaises, une stratégie de lutte à été mise en place, coordonnée par les Directions de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL) de Guadeloupe et Martinique, avec l’appui du CAR-SPAW, de l’Observatoire du Milieu Marin Martiniquais et des comités des pêches.
Chasseurs sous-marins de tout poil, unissez vos fusils et harpons, et délaissez vos proies habituelles pour le poisson-lion : vous aiderez un écosystème déjà fragilisé et, avec un peu de savoir-faire, vous vous régalerez de sa chair ! Certains font même des pique-apéritif avec ses épines, la classe !